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Un Danois en France
19 juillet 2016

Favorables au port d'arme

Le débat autour du port d'armes aux Etats-Unis ressurgit après la tuerie de San Bernardino. En France au contraire, le débat autour du port d'arme est totalement tabou. Comment expliquer une telle différence ? Le débat autour du port d’armes en France n’est pas tabou. Il y a tout simplement beaucoup moins de gens intéressés et/ou concernés par le sujet. Aux Etats-Unis, des territoires importants souffrent d’un déficit de présence policière pour assurer la sécurité collective. Ce problème est d’ailleurs historique (ca a toujours été le cas), politique (on n’a jamais voulu le régler) et culturel (les Américains ont pris l’habitude de se débrouiller autrement). Chez nous, les citoyens qui réclament le droit de porter des armes sont de deux ordres. D’une part, des excités de la gâchette, amoureux des flingues, avides d’en découdre, plutôt sur une ligne très à droite (sans être des militants politiques). D’autre part, des ultra-libéraux, souvent assez jeunes, qui veulent réduire au maximum le rôle de l’Etat, y compris en matière de sécurité collective. Ultra minoritaires, ces pro-armes font un lobby qui reste peu visible. Ils publient des tribunes sur une poignée de sites d’information de droite, conservatrice ou libérale. Ils militent également sur les réseaux sociaux, en particulier en rebondissant sur des thématiques liées au terrorisme ou aux drames impliquant l’utilisation d’armes. Leur argumentaire repose sur des archives démontrant que la question s’est posée, lors de la rédaction de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en 1789, d’inclure le passage suivant : "Aucun pays n'est plus paisible et n'offre une meilleure police que ceux où la nation est armée." Ils font le choix de comprendre dans cette phrase que le citoyen, en tant qu’individu, et non à travers des représentants communs formés à cette fin (armée, gendarmerie, police), doit être armé. Ils se rapprochent ainsi des Américains, nombreux, qui font le choix de comprendre le deuxième amendement de la Constitution de la même manière. Il précise que : "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le peuple a le droit de détenir et de porter des armes." Aux Etats-Unis, le débat porte sur ce droit : est-il individuel ou collectif ? Vous noterez que dans la Constitution américaine, le débat est plus facile que dans le cas de la phrase qui aurait pu apparaître dans la Déclaration des Droits de l’homme en France. Robert Ménard a créé une milice citoyenne qui n'a pas la possibilité de porter des armes. De telles initiatives sont-elles susceptibles de relancer ce débat ou les obstacles qui s'y opposent sont trop forts ? Je ne crois pas. Les Français n’ont pas, je pense, l’envie de détenir les armes… Et encore moins de s’organiser en milices. Robert Ménard défend une vision qui me semble parfaitement archaïque de la sécurité collective. Il est faux de dire que nous avons un problème grave de présence policière en France. La sécurité est le travail de la police. Lorsqu’il y a des failles ou des inquiétudes, alors il faut améliorer ou discuter de la couverture policière du territoire, de sa visibilité et de ses missions. Notons également que l’utilisation d’une arme est un exercice complexe. Je suis instructeur de tir, je peux en témoigner : il faut prendre du temps pour être compétent, beaucoup de temps… Et pratiquer régulièrement. Manier une arme à feu n’est pas aussi simple que de monter sur un vélo. D’autant plus dès lors que l’on parle de se servir d’une arme dans une situation potentiellement dangereuse : les forces de l’ordre savent d’ailleurs bien à quel point c’est difficile. Les professionnels pourront vous le dire : il est difficile de toucher à 15 mètres avec un pistolet automatique, à 300 mètres avec un fusil d’assaut et à 600 mètres avec un fusil de précision. Les pays où l’on déploie des milices et les régions où tout le monde s’arme sont des endroits marqués par une forte instabilité, en particulier sécuritaire. Soyons un peu sérieux, ce n’est pas le cas de la France… Et certainement pas le cas de Béziers !

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