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Un Danois en France
26 juillet 2015

Quand le FMI donne des leçons d'économie

Pendant que la direction du FMI, la Commission européenne, la BCE et les Etats de la zone euro sont en train de se déchirer sur le sort de la dette grecque, les économistes du FMI publiaient, ce 21 mai, et dans une relative discrétion, un rapport concernant la gouvernance fiscale de l’Union européenne. Malgré un ton plutôt consensuel, le constat dressé par les auteurs n’est pas flatteur : « Le cadre qui était en place avant la crise avait été utile pour améliorer l'élaboration des politiques budgétaire et la coordination, mais il n'a finalement pas permis de prévenir l'accumulation des déséquilibres budgétaires. La dette publique est montée en flèche suite à la crise de 2008, pour en arriver à une moyenne de 95 pour cent en 2014, soit près de 30 points de pourcentage au-dessus des niveaux d'avant crise, en moyenne. » Ainsi, c’est la cadre même de l’Union européenne qui est mis en cause par les économistes du FMI. C’est-à-dire dire les critères de Maastricht. Critères selon lesquels un Etat ne doit pas dépasser un déficit budgétaire supérieur à 3% du PIB, et un endettement total supérieur à 60% de ce même PIB. Dans un premier temps, le FMI tance le peu de rigueur des Etats membres dans la réalisation de leurs objectifs : « Depuis 1999, environ la moitié des pays ont manqué l'objectif de 60 pour cent pour plus de la moitié des exercices. Les petits pays ont eu tendance à être plus strictes que les grands pays. En outre, la zone euro dans son ensemble a raté la cible chaque année depuis 1999 ». Mais si ces critères sont difficiles à tenir, cela n’est pas sans raison. En effet, et dans un paragraphe qui ressemble à une bombe pour les fondements de l’Union européenne et de la zone euro, le FMI indique : « Les changements dans les fondamentaux économiques sous-jacents ont conduit à des incohérences dans le configuration actuelle des objectifs chiffrés. Par exemple, un objectif de déficit de 3 pour cent est conforme avec un niveau d'endettement de 60 pour cent à moyen terme seulement si la croissance nominale est légèrement supérieure 5 pour cent ». En d’autres termes, les objectifs de Maastricht de 3% de déficit et de 60% d’endettement n’ont véritablement de sens que si la croissance économique de la zone euro atteint un seuil minimal de 5%, en terme nominal, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation. Dans le cas contraire, ces critères sont alors jugés « incohérents ». Mais cette fable n’a pas supporté la réalité de la crise. Le mandat de stabilité des prix de la Banque centrale européenne s’est tout simplement montré inopérant durant cette période comprise entre 2008 et 2014, incapable de délivrer cette indispensable croissance nominale de 5%. Devant un tel échec, les Etats membres de la zone euro auraient du immédiatement se réunir pour donner à la BCE les moyens de remplir son objectif. Cela n’a pas été le cas. Au lieu de cela, ces Etats ont préféré se conformer à tout ce qui leur restait ; des objectifs qui n’avaient plus aucun sens économique. C’est donc bien la BCE qui figure au premier rang de ceux qui ne respectent pas les règles en Europe.

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